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Biographie du joueur d'échecs Alexandre Alekhine

Biographie du champion d'échecs Alexandre Alekhine

Alexandre Aleksandrovitch Alekhine est né le 31 octobre 1892 à Moscou (Russie) et mort à Estoril (Portugal) le 24 mars 1946. Ce joueur et champion d'échecs russe fut naturalisé français en 1927.

Ses parents furent ce que l'on appelle des aristocrates puisque son père était Maréchal de noblesse du gouvernement de Vorenej et membre de la Douma, et que sa mère était la fille d'un industriel célèbre à Moscou. Le jeune Alekhine fit ses études à la "Haute école de Droit pour la noblesse" de Petrograd, appelée Pravavodenie.

Un événement capital pour sa carrière se produisit quand il épousa Nadejda Fabritzky qui n'était autre que la veuve du général V.Vassilieff. En effet, cette femme nettement plus agée que lui, autoritaire, énergique et très ambitieuse, tint le rôle de manager et d'impresario pour Alekhine. L'accompagnant la plupart du temps dans les tournois, elle lui imposait un mode de vie compatible avec le rythme soutenu des compétitions. Elle le persuada qu'il pourrait conquérir le titre mondial, et le poussa à travailler en conséquence. On connait la suite : Alekhine fut le seul à ne pas subir l'ascendant psychologique de Capablanca en s'asseyant à la table de jeu, et la découverte des rares faiblesses échiquéennes du cubain, résultante d'un travail minutieux, fit le reste.


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En 1933, Alekhine quitta l'ex-comtesse Vassiliev pour une riche veuve (elle aussi) américaine dénommée Mrs Freemann. Les résultats ne tardèrent pas à se faire sentir et, s'étant remis à boire exagérément et à fumer 5 paquets de cigarettes par jour, il perdit son titre contre Euwe dès 1935.

En 1914, après avoir obtenu ses diplomes, Alekhine rentra au Ministère des Affaires Etrangères de Russie. Sa carrière fut bien courte puisqu'interrompue dès le début des hostilités de la première guerre mondiale, et définitivement compromise avec la révolution Bolchévique de 17.

Après la révolution, il prit le chemin de l'exil, et vint s'établir à Paris.

L'entrée d'Alekhine sur la scène des échecs internationaux ne fut pas aussi fracassante que celle d'un Morphy, d'un Pillsbury ou d'un Capablanca. Il lui fallut attendre l'âge de 20 ans pour enregistrer son prmier succès au tournoi international de Stockholm, mais il ne fut pris véritablement au sérieux qu'après le mémorables tournoi de St-Petersbourg 1914 où il termine 3ème d'un lot extrêmement relevé (1er Lasker, 2ème Capablanca).

Il obtint dès lors le titre de "grand maitre", titre désormais acquis sur des performances, et non plus honorifique comme c'était souvent le cas auparavant.

Encouragé par ses proches et par la fortune familiale, Alekhine multiplia, dès la fin de la guerre, les participations aux grands tournois européens.

Comme beaucoup de jeunes talents, Alekhine commenca de briller par son son jeu combinatoire. Son livre de chevet, un recueil des meilleures parties de Tschigorine ("père" des Echecs russes), détermina sa conception offensive du jeu. Refusant, comme l'avait fait Tschigorine, toute idée de systématisation ou de schématisation, il eut très vite le sentiment que chaque partie qu'il jouait était unique, que 2 positions qui se ressemblent ne sont toutefois pas les mêmes, et qu'il serait fallacieux de penser pouvoir trouver le meilleur coup par analogie avec un cas ressemblant qui se serait déjà produit dans le passé.

Il réfléchissait dans les tous premiers coups d'une partie, refusant de les jouer "par routine". Pour lui, chaque coup possédait une importance capitale, et il refusait souvent le coup "normal". Il revigora ainsi nombre d'ouvertures dont on joue les coups par expérience, sans y penser, et les enrichit de nouveautés qui changèrent le jugement généralement porté sur l'ouverture en question. Là où l'on croyait que les noirs parvenaient à une position solide, il réhabilita des défense (par exemple le "hollandaise") considérées comme inférieures. Avec Alekhine, l'adversaire ne pouvait espérer "réciter la leçon" et jouer les coups de l'ouverture par coeur car, très tôt, on sortait "du livre".

Pour Alehine, les Echecs n'étaient ni une science ni un sport, mais un Art.

Il rageait de gagner une partie où l'adversaire gâchait sa position par des fautes. L'Oeuvre était ainsi détruite, l'harmonie dans l'enchainement des coups n'existaient plus.

Contrairement à Lasker, il réfléchissait uniquement en fonction de la position des pièces sur l'échiquier, éludant toute considération psychologique, tout echaffaudage d'un piège dans lequel un adversaire un peu tendre pourrait tomber par peur ou par excès de confiance. Toutefois, à partir de 1927, Alekhine avoua qu'il n'était pas loin de penser pouvoir se permettre n'importe quelle fantaisie stratégique, certain qu'il était de s'en sortir par une pirouette combinatoire. Ses rares défaites furent ainsi dues à des "essais" douteux, fruits de son imagination débordante.

L'imagination d'Alekhine forçait l'admiration des collègues notamment Tartacover : "Le jeu d'Alekhine est lumineux comme le soleil".

Le public eut souvent l'occasion d'apprécier directement les idées d'Alekhine au cours des exhibitions. Les plus fascinantes furent certainement les simultanées à l'aveugle.

Le 1er fevrier 1925 il battit le record du monde du nombre de parties menées simultanément à l'aveugle. L'événement se produisit à Paris. La séance commença à 10h. Alekhine s'assit dans un coin de la salle, tournant le dos aux 2 rangées d'échiquiers et 28 (!) adversaires. A minuit, Alekhine terminait son tour de force, sur le score de 22 victoires, 3 nulles et 3 défaites.

Chez Alekhine, les Echecs tournaient à l'obsession, et excluaient les autres plaisirs de la vie.

Après sa défaite contre Euwe en 1935, il expliqua qu'il était saturé des Echecs au début du match, et qu'il dut avoir recous à des stimulants tels que le tabac et l'alcool. L'année suivante fut pour Alekhine, marquée d'un point noir : Il termina 6ème d'un tournoi à Nottingham. Il décida d'arreter de fumer et de boire. Les résultas ne se firent pas attendre et remporta le tournoi de Hastings. En 1937, eut lieu la revanche contre Euwe (11 victoires - 11 nulles - 4 défaites). Alekhine devint ainsi le premier champion du mone à reprendre son titre.

1939, pour Alekhine, une période difficile et trouble commençait. De retour en France, il va rejoindre les rangs de l'armée dans les services de renseignement. Démobilisé à l'occupation, il revient à Paris. Il repart ensuite vers le Portugal pour tenter d'obtenir 2 visas pour lui et sa femme qui était américaine. Il apprend alors qu'elle est aux mains des allemands. D'après Alekhine, les autorités allemandes échangèrent la liberté de sa femme contre 2 articles sur les Echecs qui firent l'effet d'une bombe dans le mondes echecs "Echecs juifs et aryens...".

En 1943, AleKhine quitte de nouveau la zone occupée et s'installe en Espagne. Sa femme resta en France. Jusqu'à la libération, il joua des petits tournois mais ne brillait pas particulièrement. Sa santé s'était détériorée et eu même une crise cardiaque.

Dans le cadre de la préparation au tournoi de hastings en 1946, il fut découvert le 24 mars sans vie dans son fauteuil. Selon la version officielle, Alekhine se serait étouffé avec un molrceau de viande. Selon d'autres sources, l'abus d'alcool aurait provoqué une hémorragie cérébrale.

Il repose désormais en France au cimetière Montaparnasse. Sur sa tombe on peut voir une statue en marbre blanc le représentant devant un échiquier.

De son considérable palmarès (62 premiers prix, 12 seconds, 6 troisièmes etc.), nous retenons :

* Premiers prix : St Pétersbourg 1909 et 1913, Stockholm 1912, Scheveningue 1913, Mannheim 1914, Triberg, Budapest et La Haye 1921, Hastings 1922, 1926 et 1936, Carlsbad 1923, Porthsmouth 1923 et 1938, Paris 1925 et 1933, Berne 1925 et 1932, Baden-Baden 1925, Scarborough, Birgmingham et Buenos-Aires 1926, Kecskemet 1927, Bradley-Beach 1929, San Remo 1930, Bled 1931, Londres, Pasadena et Mexico City 1938, Caracas 1939, Cracovie 1941 et 1942, Salzbourg 1942 et 1943, Munich 1942, Prague 1942 et 1943, Gijon 1944, Madrid, Sabadell, Almeria et Melilla 1945.

* Seconds prix : Pistyan et Londres 1922, Margate 1923, Semmeing et Dresde 1926, New-York 1927, Hastings 1933, Podebrand 1936, Bad Nauheim 1937, Munich 1941.

* Troisièmes prix : St-Pétersbourg 1914, New-York 1924, Margate 1937.

17 matchs, dont les plus importants, sont ceux pour le titre mondial contre Capablanca, Euwe et Bogoljubov.

Établi à Paris, depuis 1921 et devenu citoyen Français, Alekhine représenta brillamment les couleurs de la France dans les Olympiades de Hambourg 1930, Prague 1931, Folkestone 1933, Varsovie 1937 et Buenos-Aires 1939. Aux divers fleurons de sa couronne, Alekhine ajouta celui de recordman du monde de parties à l'aveugle (sans voir l'échiquier). Sa dernière grande performance fut Chicago et 1933 (32 parties!).

Destiné à la carrière diplomatique - et quoique Docteur en Droit de la Faculté de Paris (1925) - Alekhine se consacra presque exclusivement aux Echecs. Ses conceptions hardies, où se trouvent soudés les principes des écoles classiques et modernes, ont infusé une vie nouvelle au jeu quelque peu hésitant de son époque. La caractéristique dominante de son style ressort de ses combinaisons profondes mûrement préparées et enrichies de pointes inattendues. Ses attaques frappent par leur soudaineté et leur virulence.

Comme écrivain et théoricien, Alekhine laisse plusieurs ouvrages, dont les plus importants sont : «Tournoi de New-York 1924», «Tournoi de Nottingham 1936» - «Cours à Pomar». Ces livres et le recueil de ses meilleurs parties ont une haute valeur pédagogique.


Extraits tirés du livre "La fabuleuse histoire des champions d'echecs", Nicolas Giffard

En savoir plus : Alexandre Alekhine sur Wikipedia

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